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Négociations commerciales Pour le Sénat, les hausses de tarifs sont justifiées

Le second round des négociations commerciales devrait aboutir sur une nouvelle hausse des tarifs fournisseurs de 4 à 5 %. © Agnès Massiot

La commission des affaires économiques du Sénat tacle la grande distribution. Aucune hausse de tarifs demandée par les industriels et les producteurs n’est injustifiée, comme l’ont laissé entendre plusieurs enseignes.

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Pour la commission des Affaires économiques du Sénat, qui a rendu un rapport sur l’origine de l’inflation des prix alimentaires, le 19 juillet 2022, les hausses de tarifs actuellement demandées par les fournisseurs de la grande distribution sont justifiées.

« Il n’apparaît pas de phénomène massif de « hausses suspectes », les demandes de tarifs étant largement la résultante de l’envolée, bien réelle et multidocumentée, des coûts de production des fournisseurs, expliquent les sénateurs. Et ce constat est corroboré notamment par « les différents pouvoirs publics entendus », ajoutent-ils dans leur rapport.

40 à 45 % des hausses liées aux produits agricoles

Les sénateurs rappellent que les chiffres de l’inflation « sont particulièrement impressionnants » :

Ils estiment que l’inflation justifie les hausses demandées par les industriels et les producteurs. Ces hausses s’expliquent par la combinaison de la reprise économique mondiale soudaine en 2021 et d’aléas climatiques extrêmes, dont l’impact sur les coûts a été amplifié par la situation de guerre en Ukraine, justifient les sénateurs.

Les négociations tarifaires annuelles, qui ont eu lieu entre décembre 2021 et février 2022, ont abouti à une hausse des tarifs de + 3,5 % (selon les chiffres de l’Observatoire des négociations commerciales annuelles de juin 2022) alors que les industriels demandaient en moyenne +7,2 %.

Selon les pouvoirs publics et les représentants des industriels, environ 40 à 45 % de cette hausse résultaient de l’évolution du prix des matières premières agricoles, 30 % de celle du prix des emballages (carton, papier, aluminium, verre, etc.) et 20 % de celle du prix de l’énergie et du transport.

Des relations plus tendues que jamais

Les travaux du groupe de suivi ont mis à jour certaines pratiques contestables des distributeurs et des industriels, aiguisant fortement les tensions, et menaçant de déboucher sur des ruptures d’approvisionnement prochainement.

Plusieurs industriels ont indiqué qu’ils pourraient être amenés à arrêter de livrer certains produits si les hausses de tarifs ne sont pas acceptées. Cela « reviendrait moins cher de cesser la production et l’approvisionnement » que de contractualiser aux tarifs proposés par les enseignes.

Des pratiques contestables des deux parties

Le rapport relève par ailleurs que plusieurs acteurs, y compris des pouvoirs publics comme la DGCCRF (1), pointent le fait que certains distributeurs augmenteraient les prix en rayons sans accepter les demandes de hausses, pratique qui leur permet d’augmenter leurs marges. De même, certaines enseignes refusent les hausses de tarifs pour pouvoir maintenir « les anciens tarifs » durant le préavis de rupture du contrat, qui peut durer jusqu’à 8 à 12 mois.

De leur côté, les distributeurs reprochent aux industriels des hausses de tarifs qui, pour un même produit (l’eau minérale, les glaces, les bières), vont du simple au triple d’un industriel à l’autre.

> À lire aussi : Le patron des « Mousquetaires » veut suspendre la loi Egalim (20/07/2022)

Les renégociations dans l’impasse

En ce qui concerne les demandes de renégociations des tarifs, entamées peu après la clôture des négociations annuelles, tant les charges ont augmenté rapidement, les demandes d’augmentations sont en moyenne de 10 à 12 % et devraient s’accorder à un niveau de 4 à 5 %, révèlent les sénateurs.

Au début de juillet, seulement 30 % des adhérents de l’Ania (2) et 20 % des coopératives ont bouclé leurs renégociations. Pour les marques nationales, selon les données issues du comité de suivi des négociations du 7 juillet, 40 % des renégociations seraient conclues et les taux de signatures des renégociations sont différents selon les enseignes. Des situations hétérogènes qui ne permettent pas d’y voir clair dans ce jeu de poker menteur entre les enseignes et les industriels.

Marie Salset

(1) Direction générale de la concurrence, du commerce et de la répression des fraudes.

(2) Association nationale des industries alimentaires.

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